Molière auteur
De fait, Molière n’a écrit que du théâtre, à
l’exception des préfaces qui précèdent l’édition de certaines de ses
pièces, de son Remerciement au roi (1663) et de son hommage au peintre Mignard, la Gloire du Val-de-Grâce (1667). C’est un acteur-auteur comme l’était Shakespeare avant lui.
Il est l’auteur, selon la nomenclature en usage, de
2 farces, 22 comédies, 7 comédies-ballet, 1 tragédie-ballet, 1 « comédie
pastorale héroïque » et 1 « comédie héroïque ». Dom Garcie de Navarre, en 1661, l’une de ses très rares tentatives dans le genre sérieux fut un échec.
Il a écrit tantôt en vers, tantôt en prose.
Les acteurs d’alors préféraient les vers, plus faciles à retenir. Mais
écrire en alexandrins demande un travail de plus longue haleine. Quand
il était pressé, Molière écrivait en prose, comme pour ses farces, pour Dom Juan ou l’Avare.
Qu’il soit rimé ou en prose, son style a
naturellement évolué d’année en année, et sa conception de la comédie
également. Sans perdre le goût des pitreries venu de la contemplation
des bateleurs qu’il voyait dans son enfance, Molière a peu à peu intégré
des préoccupations personnelles, des plaidoyers pour la liberté de ceux
qui s’aiment et des questions philosophiques, tout en revendiquant le
souci de la vérité, « Il faut peindre d’après nature ». En même
temps, sa satire se focalisait sur le milieu mondain et intellectuel,
les ambitieux, les médecins et les faux prêcheurs de vertu.
Molière est-il alors devenu, au fil des années, un
auteur plus tragique que comique ? C’était le point de vue d’Alfred de
Musset qui, dans son poème Une soirée perdue (1850), admire chez
lui « une mâle gaîté, si triste et si profonde que, lorsqu’on vient d’en
rire, on devrait en pleurer ». Mais cet avis porte la marque des années
du romantisme, où l’on aime à privilégier une vision noire de
l’Histoire et de la vie. Jusque dans sa dernière pièce, le Malade imaginaire, Molière défia l’esprit de sérieux par la bouffonnerie et la satire, fidèle à la mission qu’il définissait ainsi dans la Critique de l’École des femmes : « C’est une étrange entreprise que celle de faire rire les honnêtes gens ».
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