La farce et la comédie
C’est ainsi qu’il commença par des farces : l’Étourdi, le Dépit amoureux.
Comme le genre de la farce exige une action courte et rapide, il est
passé ensuite au genre de la comédie, plus étoffé, où l’action et la
psychologie font l’objet de développements longs et subtils.
Mais Molière a utilisé des gags et des situations de farces à l’intérieur de ses pièces plus ambitieuses, comme l’Avare,
pièce truffée d’exagérations comiques. Pour le plaisir de revenir au
rire populaire, il est souvent retourné à la belle simplification de la
farce, comme lorsqu’il écrivit le Médecin malgré lui et les Fourberies de Scapin, alors même qu’il était pour beaucoup l’auteur comique mais grave du Misanthrope.
On peut distinguer plusieurs types de comédie dans le répertoire moliéresque, parfois mis en œuvre dans une même pièce ; le Misanthrope, par exemple, est à la fois une comédie de mœurs et une comédie de caractère, l’Avare également.
3.2. La comédie satirique
L’une des caractéristiques du comique, c’est de se moquer des contemporains, des gens parmi lesquels on vit. Un peu à la manière d’un journaliste pamphlétaire, Molière a raillé un certain nombre de corps sociaux, religieux et mondains.
Le corps social que Molière a le plus violemment attaqué est celui des médecins : leur mise en cause comique a lieu dans de nombreuses pièces, du le Médecin malgré lui au Malade imaginaire, la dernière pièce de Molière. Même à l’intéreur de Dom Juan, il s’en prend aux disciples d’Esculape.
Il critique aussi toute une frange du milieu religieux, les « faux dévots »,
qu’il dénonce violemment à travers le personnage du roué Tartuffe ;
cette audace lui coûtera cher, la pièce sera interdite par trois fois.
Enfin, Molière est un satiriste du milieu mondain, qu'il ridiculise dans les Précieuses ridicules et les Femmes savantes et lorsqu’il prend pour cible les aristocrates impudents, notamment dans George Dandin.
3.3.. La comédie mythologique
Lorsqu’il s’inspire d’un sujet traité par un auteur de l’Antiquité, comme c’est le cas pour l'Avare tiré d’une comédie de Plaute, Molière transpose l’action dans son temps.
Mais, exceptionnellement, il garde le contexte antique quand il écrit Amphitryon.
C’est donc une comédie mythologique, de la même façon que les tragédies
de Racine et de Corneille sont des tragédies antiques. Cette œuvre n’a
pas d’équivalent parmi les autres pièces de Molière. Elle fait référence
à un épisode des légendes grecques et ne s’adresse pas à un public
large, mais à un public cultivé.
3.4. La comédie-ballet
Molière a souvent répondu aux commandes qui lui étaient faites par le roi. Les Fâcheux, les Plaisirs de l’île enchantée, la Princesse d’Élide, les Amants magnifiques sont des comédies-ballets dont les textes ne nous importent plus beaucoup aujourd’hui, à l'inverse de Monsieur de Pourceaugnac, le Bourgeois gentilhomme et Malade imaginaire.
Ces trois dernières pièces sont parfois représentées sans leurs intermèdes musicaux mais elles ont été conçues sous cette forme qui mêle l’action théâtrale et les tableaux faits de chants et de danses. Pour toutes ces œuvres, Molière collaborait avec un musicien, tel que Lully ou Marc-Antoine Charpentier.
Le genre de la comédie-ballet mettait généralement en
scène les épisodes et les héros de la mythologie et des pastorales.
Molière a su à la fois utiliser des thèmes antiques et imposer des
sujets contemporains...
3.5. La comédie du théâtre
Délaissant la fiction, Molière s’est amusé par deux fois à répondre à ses détracteurs sous la forme d’une comédie sur le théâtre. La première fois, ce fut avec la Critique de l'École des femmes, où il représente des spectateurs hostiles à sa pièce l’École des femmes qui discutent avec des spectateurs favorables.
La seconde fois, ce fut avec l'Impromptu de Versailles,
où il se met lui-même en scène en train de diriger ses propres acteurs.
Il donne à voir ainsi le théâtre et son public, mais, derrière la
réaction à un événement d’actualité et la volonté de répondre aux
polémiques, s’affirme aussi un discours théorique et esthétique, exprimant les points de vue de l’auteur sur l’art dramatique.
3.6. La comédie de mœurs
Dans les Précieuses ridicules, c’est à la satire d’un phénomène de mode que l’auteur s’attache avant tout. Dans l'École des femmes, Tartuffe, Le Misanthrope, George Dandin, les Femmes savantes le comique a toujours un caractère de moquerie relatif aux travers de l’époque mais il s’élargit à l’examen du milieu social.
Ce sont surtout la famille et la question du mariage
qu’embrasse le regard de Molière : il montre comment les enfants
subissent la loi des parents (essentiellement du père), comment les
relations avec l’argent, les rapports entre les époux et le désir de
s’inscrire dans un courant à la mode ou dans un mouvement religieux
modifient la vie du groupe, quels sont les place et rôle des domestiques
dans la vie de la maison et comment l’union conjugale est parfois
traitée autant comme une affaire financière que comme une question
d’harmonie amoureuse.
Molière représente aussi le décalage entre les classes sociales :
la tentative de passer dans la classe supérieure, de la bourgeoisie à
l’aristocratie se traduit le plus souvent par un comportement ridicule
et voué à l’échec.
Chez Molière, la notion de mœurs est liée à la notion
de morale : en raillant les défauts de ses contemporains, il en appelle
à la raison et à un comportement qui mettrait fin aux folies et aux
lubies. Dans cette perspective, les personnages dont le comportement est
condamnable sont souvent ridiculisés ou punis dans l’une des dernières
scènes de la pièce.
3.7. La comédie de caractères
C’est une des grandes idées du xviie siècle
français que de reprendre cette peinture du caractère, telle qu’elle
avait été ébauchée dans l’Antiquité (chez les auteurs grecs puis dans la
comédie latine) et d’en faire l’un des grands thèmes de la littérature
et du théâtre.
Les Caractères de Jean de La Bruyère,
ouvrage postérieur au théâtre de Molière, accomplit parfaitement cette
composition d'une galerie de portraits où des types humains (l’égoïste,
l’amoureux, le cupide…) sont saisis à travers leurs traits essentiels.
Molière, avant lui, a dépeint un certain nombre de personnages représentatifs des diverses façons d’être et de penser :
Tartuffe est l’exemple même de l’ambitieux pratiquant le double langage
pour arriver à ses fins. Alceste, le misanthrope, est l’homme qui
n’aime pas les autres hommes et exècre la société. M. Jourdain, le
« bourgeois gentilhomme », est, ce qu’on appellerait aujourd’hui, un
nouveau riche, qui croit, naïvement, qu’on peut changer de statut social
avec le pouvoir de son argent. Harpagon, le personnage central de l'Avare, est le parangon de ces êtres qui sacrifient tout au plaisir de posséder et qu’on appelait aussi, au xviie s.,
des « avaricieux ». Argan, le « malade imaginaire », incarne à la
perfection une configuration psychologique, celle de l’homme chez qui la
hantise de la maladie et de la mort fait disparaître la perception de
la réalité.
Ce sont essentiellement des types masculins que
Molière a composé, à côté de quelques types féminins : la femme
séductrice et coquette, à travers le personnage de Célimène dans le Misanthrope, les servantes généreuses et batailleuses telles que Dorine dans Tartuffe et Toinette dans le Malade imaginaire...
3.8. La comédie philosophique
De ce point de vue, Dom Juan
est sa seule véritable comédie philosophique. Dom Juan y incarne le
dédain d’une pensée religieuse et consolatrice, Sganarelle la défense
d’une attitude religieuse représentée comme une forme de superstition.
On peut voir là – mais une autre interprétation est possible, la pièce
s’achevant sur la mort du séducteur – une préférence affirmée pour les
thèses des « libertins » qui ne croyaient pas à l’existence de Dieu.
3.9. Le genre sérieux
Molière est essentiellement un écrivain comique, un auteur de comédies. Mais il a écrit quelques pièces relevant du genre sérieux. Il a composé une « comédie héroïque », Don Garcie de Navarre ou le Prince jaloux, qui fut un échec. Et également une « comédie pastorale héroïque », Mélicerte, et une « tragédie ballet », Psyché. Il s’est le plus souvent montré peu à l’aise et moins convaincant dans ce registre « héroïque » où s’illustrait brillamment son ami Corneille.Lea más en http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Jean-Baptiste_Poquelin_dit_Moli
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