En grand auteur, Molière varie les procédés comiques, qui lui permettent d’obtenir le rire le plus simple comme le rire le plus subtil.
Le comique de geste est essentiel dans la farce mais aussi dans les
différentes formes de comédie. Par les mimiques, l’accoutrement, les
déplacements, les mouvements de la tête et des bras qui caractérisent un
personnage ou expriment une intention non exprimée par la parole,
l’acteur amplifie la drôlerie de l’action.
Le comique de geste
Formé dès la jeunesse par les farces qu’il voyait sur
la place publique et sensible au talent expressif des acteurs italiens,
Molière était lui-même un comédien qui utilisait tous les ressorts de
la gestuelle comique. Les gestes sont primordiaux dans des pièces comme
la première farce de l’auteur, la Jalousie du barbouillé, où il y a des gags et des chutes comme, bien plus tard, en usera le cinéma burlesque, de même que dans les Fourberies de Scapin, où le valet frappe le vieux Géronte qu’il a fait entrer dans un sac ou dans le Médecin malgré lui, où Sganarelle, pris pour un médecin, multiplie les interventions incorrectes et déplacées.
Le comique de situation
Comme Molière affectionne la rapidité des actions, il a beaucoup employé ce type de comique.
Il repose sur des rencontres entre les personnages et
sur des événements qui introduisent une nouveauté, une surprise ou un
choc suscitant le rire. Il dépend généralement plus de l’imprévu et du
mouvement que du texte. Parfois, Molière abuse des retournements de
situation comme à la fin de l’Avare, où des personnages se
retrouvent et se reconnaissent des années après un naufrage et un
enlèvement, mais ce n’est pas là véritablement un procédé comique,
plutôt une facilité pour terminer rapidement une pièce qu’il faut monter
dans l’urgence.
Le comique de situation est particulièrement efficace, par exemple, dans les Précieuses ridicules
lorsque Mascarille et son ami Jodelet se font passer pour de « beaux
esprits » et trompent les prétentieuses provinciales, avant de se faire
rosser par leurs maîtres. Il prend aussi souvent la forme du quiproquo,
quand un personnage est pris pour un autre, comme dans Amphitryon, où Jupiter est confondu avec le général Amphitryon et le dieu Mercure avec le valet Sosie. Il est aussi mis en place dans Tartuffe
quand l’épouse d’Orgon, Elmire, déclare à l’imposteur qu’elle est prête
à se donner à lui, alors que son mari est caché sous la table.
Le comique de mots
Le comique de mots est essentiel chez Molière. Il commence dès la création du nom des personnages : l’usage était alors d’employer des noms à consonance grecque, latine ou italienne, et Molière respecte cette coutume mais introduit parfois aussi des noms qui évoquent le type de personnage qu'il crée : Tartuffe, Harpagon, Trissotin, Pourceaugnac par exemple.
Il se développe dans les répliques où l’auteur
recourt à certaines tournures verbales comme les jeux de mots,
« Bélise : Veux-tu toute ta vie offenser la grammaire ? Martine : Qui
parle d’offenser grand-père ni grand-mère ? », dans les Femmes savantes, ou bien « Ce Monsieur Loyal porte un air bien déloyal » dans le Misanthrope.
Source de comique, le latin de fantaisie qu’il prête aux médecins dans le Médecin malgré lui et dans le Malade imaginaire. De même que l’opposition du langage populaire et du langage savant (dans la scène des paysans dans Dom Juan), ou bien dans les dialogues entre précieux et gens simples dans les Précieuses ridicules et les Femmes savantes), ainsi que la répétition martelée d’une même réplique (« Qu’allait-il faire dans cette galère ? » dans les Fourberies de Scapin)...
Dans son utilisation de la langue, Molière a une
double pratique. D’un côté, la simplicité des mots met en relief la
sagesse populaire : « Et je vous verrais nu du haut jusques en bas / Que
toute votre peau ne me tenterait pas » dit Dorine dans Tartuffe, ou, au contraire, souligne le caractère fruste ou imbécile d’un personnage : « Je vis de bonne soupe et non de beau langage », dit Chrysale dans les Femmes savantes. D’un autre côté, des phrases très construites, mettent en place la rhétorique des idées et des raisonnements.
Molière vise la clarté de l’expression et
l’efficacité du comique pour construire un théâtre du vrai et du
naturel, mis au service d’une morale. Dans l’un des textes envoyés au
roi pour obtenir la levée de l’interdiction de Tartuffe, il écrivait : « Le devoir de la comédie étant de corriger les hommes en les divertissant, j’ai cru, que, dans l’emploi où je me trouve, je n’avais rien de mieux à faire que d'attaquer par des peintures ridicules les vices de mon siècle », le mot « ridicule » devant être compris dans le sens « qui suscite le rire ».
Chez Molière, le sens de la comédie, même quand il
passe par les gags ou la violence de la satire, est toujours empreint de
cette noblesse d’âme.
"Ce monsieur loyal porte un air bien déloyal" es en Tartuffe, no en Le Misanthrope.
ResponderEliminarJe vous ai emprunté une image, mais j'ai nommé la source. C'était une image Google.
ResponderEliminarMeileures salutations,
michelinewalker.com