martes, 5 de abril de 2016

Le théâtre des « Lumières »

Le déclin de la tragédie au profit de la comédie



La dévotion pour les sacro-saintes règles et la raison donne des pièces décevantes où le ridicule se mêle souvent à un pathétique verbeux. Le théâtre anglais donne la Venise sauvée (1682) de Thomas Otway, de tradition élisabéthaine, et Caton (1713), pour lequel l'auteur, Joseph Addison, imite la règle française des unités. La Mérope (1713) de l'Italien Scipione Maffei essaie de renouveler l'art dramatique et réintroduit dans l'action le poids de la durée. En France, les timides tentatives de Bernard le Bovier de Fontenelle pour renouer avec la tradition baroque s'enracinent mal dans un siècle dominé par la soif du luxe et du bonheur. Antoine Houdar de La Motte introduit la prose dans la tragédie avec Inès de Castro, mais son essai manque de souffle tragique. En vain Crébillon tente de remettre en honneur les épisodes sanglants et pathétiques. Voltaire, considérant avec plus d'horreur que de sympathie le « barbare » Shakespeare, a beau demander aux croisades ou à la Chine de renouveler le décor, ses tragédies imitées de Racine ou Corneille, ne sont en fait que des pastiches, de longs plaidoyers inutiles. Cette mort lente de la tragédie connaît pourtant en Italie un renouveau passager avec Vittorio Alfieri.

La comédie, au contraire, semble le genre préféré du xviiie siècle. Une certaine stabilité sociale, le cosmopolitisme, l'influence des littératures étrangères, le goût du badinage, du luxe et de la finesse, rend le public plus proche de la comédie galante qui n'inquiète personne. La liberté des manières, l'apparition d'une nouvelle classe (la bourgeoisie), les abus des parvenus et des financiers, voilà les thèmes favoris de cette comédie de mœurs, au sens très vif de la réplique et du badinage. D'autre part, la comédie posséde alors un atout indéniable : elle échappe quasi complètement à la censure officielle pesant sur les troupes régulières ; elle peut ainsi se permettre des audaces qui n'auraient pu voir le jour dans les théâtres consacrés.

No hay comentarios:

Publicar un comentario