lunes, 29 de febrero de 2016

Définition de la tragédie



La définition énoncée par Aristote dans sa Poétique – postérieure d'un siècle à l'âge d'or de la tragédie grecque – a laissé son empreinte chez la plupart des auteurs tragiques : « La tragédie est l'imitation (mimêsis) d'une action de caractère élevé et complète, d'une certaine étendue, dans un langage relevé d'assaisonnements d'une espèce particulière suivant les diverses parties, imitation qui est faite par des personnages en action et non au moyen d'un récit, et qui, suscitant pitié et crainte, opère la purgation (catharsis) propre à pareilles émotions. »


Aristote, réfléchissant sur la fiction, c'est-à-dire sur la meilleure manière de raconter des histoires de bonheur et de malheur qui ressemblent à celles que vivent les hommes, cherche à dégager des pièces deSophocle et d'Euripide les principes rationnels d'une œuvre réussie. Dès lors, il fait de la tragédie le plus codifié de tous les genres littéraires. Ainsi, à partir de la Renaissance, ces principes deviennent normatifs : les œuvres de l'Antiquité étant devenues les critères absolus du beau, la Poétique d'Aristote (complétée par quelques remarques d'Horace concernant le théâtre, dans son Art poétique) est considérée comme un énoncé des règles dont il est interdit de s'éloigner.


L'action consiste le plus souvent en un conflit qui oppose l'homme à des principes moraux ou religieux supérieurs. Ce conflit est l'occasion d'un dialogue entre l'homme et ce qui le dépasse, comme avec lui-même. Parfois, le tragique se confond avec des dénouements sanglants et des sacrifices mortels. Mais la tragédie dit aussi l'espoir de l'homme debout, qui lance un défi à un monde difficile à déchiffrer ou à une injustice divine, de l'homme qui se confronte aux lois de la cité et présume parfois de ses forces. La conception du genre reste à peu près immuable pendant plus de vingt siècles. Et si, au xviie s., les apports des dramaturges français ont modifié radicalement l'esthétique de la tragédie, cela n'a pas empêché les auteurs de se référer sans cesse aux mêmes éléments techniques qui constituent le genre, ni de considérer que la formule admettait des variations qui, précisément, ne la remettaient pas en cause.

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