lunes, 29 de febrero de 2016

Un genre théâtral



Les grands drames romantiques, réputés injouables ou écrits sans souci des contraintes scéniques, montreront leur génie et leur fécondité plus tard, lorsque la mise en scène aura libéré le plateau des lourds décors et permis une dramaturgie en tableaux recourant à des conventions simples. Aujourd'hui, Woyzeck,Faust, Boris Godounov, le Prince de Hombourg sont représentés plus souvent que les pièces de Hugo, et il est significatif que le metteur en scène polonais Jerzy Grotowski ait mis en scène dans les années 1960 le Caïnde Byron et les pièces romantiques de l'écrivain polonais Slowacki, ainsi que les Aïeux de Mickiewicz, des pièces historiques, réputées injouables. En fait, le drame romantique a produit des formes si diverses et si fécondes qu'il a détruit la notion de genre : du Soulier de satin de Paul Claudel aux soliloques de Samuel Beckett, en passant par Tchekhov, Maeterlinck et Brecht, toutes les œuvres du théâtre contemporain peuvent être qualifiées de drames, à l'exception des comédies avérées.

Le drame au xxe s.

Après la diversité de formes théâtrales produites par le drame bourgeois puis par le drame romantique, le terme « drame » revêt au xxe s. un sens générique pour désigner toute pièce qui porte sur les enjeux de l'existence. Selon le critique Péter Szondi, le drame traverse une crise vers la fin du xixe s. : l'action, qui avançait par le choc des volontés des personnages dans la poétique tragique, connaît alors une sorte de panne. C'est une autre poétique qui se dégage du nœud de volontés entravées par le poids du contexte social (Hauptmann, Brecht) ou par les forces du passé (Ibsen, Tchekhov). La trame du drame tend à éclater en fragments, les identités se dissolvent, l'action peut se réduire au ressassement intérieur (En attendant Godot de Beckett). Le conflit intrapsychique (les personnages qui soliloquent chez Thomas Bernhard) se substitue au conflit interindividuel qui faisait progresser l'intrigue : d'autres dynamiques de l'action dramatique sont apparues.

Un genre théâtral

Les grands drames romantiques, réputés injouables ou écrits sans souci des contraintes scéniques, montreront leur génie et leur fécondité plus tard, lorsque la mise en scène aura libéré le plateau des lourds décors et permis une dramaturgie en tableaux recourant à des conventions simples. Aujourd'hui, Woyzeck,Faust, Boris Godounov, le Prince de Hombourg sont représentés plus souvent que les pièces de Hugo, et il est significatif que le metteur en scène polonais Jerzy Grotowski ait mis en scène dans les années 1960 le Caïnde Byron et les pièces romantiques de l'écrivain polonais Slowacki, ainsi que les Aïeux de Mickiewicz, des pièces historiques, réputées injouables. En fait, le drame romantique a produit des formes si diverses et si fécondes qu'il a détruit la notion de genre : du Soulier de satin de Paul Claudel aux soliloques de Samuel Beckett, en passant par Tchekhov, Maeterlinck et Brecht, toutes les œuvres du théâtre contemporain peuvent être qualifiées de drames, à l'exception des comédies avérées.

L'esthétique de Diderot

L'esthétique de Diderot

La véritable réflexion esthétique sur ce qui n'est encore qu'une ébauche du genre sérieux a été entreprise parDiderot, qui en a établi la première règle : imiter la nature et la vie.

Des rôles d'honnêtes gens



C'est de ce principe réaliste qu'il déduit tous les autres, notamment la substitution de l'analyse des conditions sociales à la juxtaposition des caractères, ce qui implique qu'il n'est point besoin d'être roi pour être un « héros ». Ainsi se multiplient sur la scène les négociants et marchands, les juges qui tranchent un litige en faveur du pauvre (le Juge, de Mercier), les banquiers qui mettent leur fortune en péril pour aider un ami (les Deux Amis, de Beaumarchais), les honnêtes notaires qui s'opposent aux procureurs malhonnêtes (l'Indigent, de Mercier), ainsi que les pères de famille, époux, filles séduites (la Mère coupable, de Beaumarchais ; le Fils naturel, de Diderot). Ce sont donc les devoirs sociaux ou familiaux qui entrent ici en conflit avec l'amitié et les sentiments. Pour mieux montrer le « sérieux » – la gravité – de ces conflits, Diderot développe l'esthétique du « tableau vivant », inspirée par la peinture de Greuze : les personnages expriment les moments forts de l'action par des gestes et des attitudes expressives. Ces scènes de pantomime étant plus importantes que les paroles, l'esthétique de Diderot est marquée par un pathétisme certain.

Péripéties et coups de théâtre



L'action patine dans les œuvres des représentants du drame bourgeois, tels que Diderot, Sedaine, Mercier, et à l'occasion Beaumarchais. Une fois détruite la mécanique des caractères (impulsif/raisonneur, maître/valet...), qui enclenchait jusqu'alors les conflits, les nouveaux personnages – conformes à leur condition de juge honnête, de père modèle, etc. – frisent l'abstraction, d'où le recours à des péripéties romanesques (Richardson est le grand pourvoyeur d'idées) et à des coups de théâtre, qui font le lit du futur mélodrame : enfants enlevés en bas âge, naufrages et réapparitions spectaculaires, faux mariages (Eugénie, de Beaumarchais), liens consanguins cachés (le Fils naturel). S'éloignant résolument de Shakespeare, le drame bourgeois en France ne se contente pas de préparer le terrain pour le drame romantique. Porteur d'une esthétique du réalisme inaccomplie, il aura pour postérité le naturalisme, né un siècle plus tard, puis le grand cinéma réaliste français (Jean Renoir), et surtout les chefs-d'œuvre longtemps méconnus du théâtre allemand.

Le préromantisme

En Allemagne, dans la seconde moitié du xviiie s., au moment où les pièces de Shakespeare sont de plus en plus connues et où celles de George Lillo acquièrent une certaine notoriété, Lessing (la Dramaturgie de Hambourg, 1769) développe des thèses inspirées par Diderot, fait jouer ses pièces et adopte lui-même le genre bourgeois (Emilia Galotti, 1772). Mais il est encore un homme des Lumières, et c'est au mouvement littéraire Sturm und Drang (« Tempête et élan ») qu'il revient de faire la révolution dramatique décisive : ce mouvement préromantique, à la sensibilité orageuse, en révolte contre l'ordre établi, produit des œuvres heurtées et violentes. Le jeune Goethe campe le premier drame historique avec Götz von Berlichingen à la main de fer (1773), drame monumental sur les guerres des paysans en 63 tableaux et une trentaine de lieux ; dans son premier Faust (1777), orchestré par un Méphisto bouffon et carnavalesque, il mêle les genres, le sentimental, le burlesque, le parodique et le mythe. Quant à Jakob Lenz – un jeune auteur du Sturm und Drang nourri de Shakespeare –, il fait éclater les limites du drame bourgeois et de son sentimentalisme bien-pensant : les Soldats (1775), pièce qui met en scène des officiers cyniques au point de séduire une jeune fille pour pousser à bout son fiancé, est une violente critique sociale, remarquable par la sécheresse de son style, par le sens surprenant des contrastes, des raccourcis et par le choc des tableaux.

Goethe

Le drame bourgeois

Avant que Diderot ne formule l'idée de drame bourgeois, de nouveaux sujets et personnages apparaissent sur les scènes londoniennes : dès 1731, le dramaturge anglais George Lillo campe avec succès le personnage de Barnwell (le Marchand de Londres), le négociant, inconnu au panthéon des dérivés de la comédie latine et italienne. Le nouveau héros ne tarde pas à susciter des contrefaçons en Allemagne (Miss Sara Simpson de Lessing, 1755), en France (Jenneval de Louis-Sébastien Mercier, 1769) et ailleurs. Deux auteurs français, Destouches et surtout Nivelle de La Chaussée, développent alors la « comédie larmoyante », où les conflits découlent des conditions sociales. La « néotragédie » s'épuisant (Crébillon père, Voltaire), ce nouveau type de comédie vise un public bourgeois à qui il tend un miroir de sa vie sociale et domestique.

Entre tragédie et comédie



Si l'adjectif « dramatique » qualifie tout ce qui a rapport au théâtre, le mot « drame » n'apparaît qu'au xviiie s. et désigne une forme théâtrale intermédiaire entre la tragédie et la comédie, les deux genres légués par l'Antiquité grecque et pratiqués à l'époque classique. Les débats esthétiques qui ont marqué la naissance du drame portaient sur les règles de la tragédie classique et la séparation des genres, notamment l'interprétation classique et spécifiquement française de l'héritage d'Aristote.

À la différence de la tragédie, qui présente le destin funeste d'un héros dans un style élevé, le drame met en scène une action sérieuse, dont l'issue n'est pas forcément fatale, et peut recourir au mélange des genres. Sans remonter au drame satyrique de l'Antiquité grecque, la pratique d'une formule dramatique qui prend ses ressorts à la fois dans le tragique et le comique trouve ses références dans la tragi-comédie baroque, lacomedia espagnole du Siècle d'or, le drame élisabéthain. Pour les inventeurs du drame au xviiie s., l'idée même de fonder un genre nouveau, qui aurait son propre système de conventions, est sujette à caution. Il faudra attendre les romantiques pour voir proclamées la liberté de l'art et l'abolition des règles.

Dans le même temps, et comme une sorte de compensation sociale nécessaire à cette expérimentation, se développe le mélodrame, genre destiné à satisfaire le public populaire.

Drame



Pièce, film, etc., d'un caractère général grave, mettant en jeu des sentiments pathétiques et des conflits sociaux ou psychologiques (par opposition à la comédie).

Le drame, formule dramatique issue du besoin d'échapper aux règles trop strictes de la tragédie et de la comédie, est historiquement un formidable creuset où s'essaient toutes les formes de la modernité au théâtre pendant deux siècles, faisant éclater la notion même de genre héritée d'Aristote.

La tragédie française



Bien que le protestant Théodore de Bèze ait écrit en 1550 la première tragédie originale française (Abraham sacrifiant), la tragédie moderne naît en France en 1552, avec la Cléopâtre captive d'Étienne Jodelle. Sur le modèle de Sénèque, Jodelle invente, en s'inspirant des Italiens, la « tragédie humaniste », fondée sur une esthétique à laquelle resteront fidèles tous ses successeurs (notamment Robert Garnier et Antoine de Montchrestien). Le sujet de la tragédie demeurera immuable sous la variété des histoires, et la manière de le traiter restera la même : tout étant déjà joué, la pièce montre le malheur en marche à travers les débats rhétoriques, les réflexions philosophiques et morales, les plaintes lyriques, les récits élégiaques ou pompeux et les chants du chœur, qui débouchent sur le dénouement funeste. Visée morale, statisme, juxtaposition de tableaux plutôt qu'enchaînement rigoureux de scènes, très forte charge poétique et régularité sont donc les traits dominants de ce type de tragédie.

Conçue par et pour une élite, la tragédie humaniste n'a pas survécu au contact des représentations populaires : elle perd son caractère statique (les chœurs sont les premiers à disparaître) au profit de combats, de suicides, de viols, de mutilations, de meurtres… – le goût pour ces scènes violentes entraîne une modification dans le choix des sujets, désormais souvent empruntés à l'actualité, aux nouvelles et au roman –, en même temps qu'elle rompt avec les règles de l'unité d'action et de temps. Ce qu'on appellera après coup la tragédie irrégulière tend donc à substituer l'action à la déploration.

La fin du xvie s. voit également l'invention capitale d'un nouveau genre : la tragi-comédie, qui, tout aussi irrégulière, puise constamment dans la littérature romanesque, et partant déroule des aventures héroïques et amoureuses, où la mort n'est qu'un risque et où le dénouement est systématiquement heureux. D'égale importance fut l'importation d'Italie, à la même époque, de la pastorale, qui a l'amour pour unique enjeu et où l'action est fortement structurée grâce au principe des amours en chaîne.
C’est dans ce contexte que les inventeurs de la tragédie classique(Jean Mairet, Georges de Scudéry, Pierre Corneille, Jean de Rotrou) imaginent une nouvelle forme de tragédie régulière en puisant aux mêmes sources théoriques que les auteurs de la Renaissance.Alexandre Hardy, le principal auteur de tragédies irrégulières et de tragi-comédies du premier quart du siècle, Théophile de Viau (Pyrame et Thisbé) et le seigneur de Racan (les Bergeries) – admirés pour leurs drames amoureux écrits dans une langue polie et poétique – servent de modèles aux premiers tragédiens classiques, qui commencent eux-mêmes leur carrière par des tragi-comédies et des pastorales. En même temps, ils établissent les principes de régularité et de vraisemblance, préconisés par les théoriciens à partir de 1630, tout en intégrant les apports tragi-comiques et pastoraux que constituent l'action et le mouvement, la psychologie et le conflit amoureux, l'expression d'une volonté de dépassement de soi engendrée par la passion. La Sophonisbe (1634) de Jean Mairet marque la naissance et la victoire. d'un genre tragique régulier.


Vers 1640, quand Pierre Corneille lance, aprèsle Cid, la série de ses pièces historiques, la tragédie devient non plus le récit d'une illustre infortune, mais la mise en scène d'une action héroïque face à un conflit politico-amoureux et sous la menace d'un péril de mort : désormais, l'issue funeste n'est plus une nécessité. Même si par la suite Jean Racine substitue la passion à l'action héroïque, il ne conçoit jamais la tragédie comme une déploration, mais comme une intrigue qui progresse au rythme des affrontements et des coups de théâtre. En définitive, si opposés qu'ils puissent être par ailleurs, Corneille et Racine fondent leur dramaturgie sur une conception du genre tragique qui n'est plus celle de l'écrasement de l'homme, mais celle des conflits intérieurs insolubles, dont les héros ne peuvent se libérer que par le dépassement généreux ou par la mort.

Parmi les auteurs de la tragédie classique figurent également Tristan L'Hermite, Isaac Du Ryer, Claude Boyer, Philippe Quinault et Thomas Corneille. Après l’avènement de ce genre au xviie s., les imitations duxviiie s. (Crébillon, Voltaire, Népomucène Lemercier) ne parvinrent pas à en ranimer le souffle.

Au xxe s., la tragédie grecque est redevenue un modèle ou une nostalgie pour quleques auteurs comme Paul Claudel, Jean Cocteau, Jean Giraudoux, Jean Anouilh. Mais les dieux sont morts et, malgré les efforts d’Albert Camus et de Jean-Paul Sartre pour opposer à la tragédie de la fatalité une tragédie de la liberté, le genre, âprement critiqué par Berthold Brecht, n'a pas retrouvé la communion ou l'angoisse collective nécessaire à son épanouissement.

La tragédie latine



Entrée en décadence dès le début du ive s. avant J.-C., la tragédie attique est imitée, à Rome, par Sénèquenotamment, seul auteur dont nous possédons des œuvres entières. Des fragments de tragédies de Livius Andronicus, de Naevius, d'Ennius (iiie s. avant J.-C.), de Pacuvius et d'Accius (iie s. avant J.-C.) nous sont parvenus, et l'usage d'écrire des tragédies fut préservé dans l'Empire romain, ne fût-ce qu'à titre d'exercice scolaire.

La pratique du genre ne fut interrompue que durant le Moyen Âge. Mais, sitôt cette tradition redécouverte par les hommes de la Renaissance italienne, la tragédie attire l'attention des lettrés, qui, ayant traduit Sénèque, créent des œuvres originales (mais d'inspiration sénéquienne) en Italie puis, à partir du milieu du xvie s., en France et dans toute l'Europe. Seule l'Espagne reste à l'écart, attachée à la comedia, forme souple qui accueille les sujets les plus légers comme les drames les plus noirs. Partout ailleurs, c'est une véritable floraison de la tragédie, non seulement dans chacune des grandes langues nationales, mais aussi en latin.

Petite histoire de la tragédie




La tragédie grecque

On se perd en conjectures sur l'origine de la tragédie : son nom, tragôidia(littéralement, « chant du bouc »), semble renvoyer à des improvisations religieuses liées au culte de Dionysos, ce que confirme le fait qu'à Athènes les tragédies étaient représentées uniquement à l'occasion des fêtes consacrées à ce dieu (les dionysies) et dans le cadre du théâtre qui lui était dédié. Mais on ignore ce qui a permis le passage de textes courts à forte teneur religieuse à une forme d'expression véritablement littéraire, qui emprunte sa matière à l'épopée tout en faisant passer ses mythes (religieux et légendaires) au crible des nouvelles valeurs civiques et juridiques de la démocratie athénienne. Ce qui est sûr, c'est que la forme de la tragédie se fixe définitivement au cours duve s. avant J.-C., lorsque, avec Eschyle, la partie dialoguée (donc l'intrigue dramatique) prend le pas sur la partie chantée dévolue au chœur, et issue dudithyrambe primitif.


L’histoire de la tragédie grecque ne se réduit pas aux deux dates rapprochées qui séparent les Perses d'Eschyle (472 avant J.-C. ; première tragédie conservée) d'Œdipe à Colone de Sophocle (401 avant J.-C. ; dernière tragédie conservée). Eschyle n'est pas le premier auteur tragique. Vers le milieu du vie s. avant J.-C., l'Athénien Thespis aurait donné forme à la tragédie en remplaçant le chanteur des origines, le coryphée, par un acteur qui jouait, en face du chœur, un ou même plusieurs rôles. D’autres également précédèrent Eschyle, tels Pratinas, Phrynichos. Sophocle etEuripide, qui ont écrit une centaine de pièces chacun, ont eu aussi des rivaux (Ion de Chios, Néophron, Nicomaque) et ont été suivis par notamment Critias, Agathon et Cratinos. Des fragments de tragédies de plus de deux cents auteurs et seulement quelque trente pièces intégrales des trois grands auteurs grecs (Eschyle, Sophocle, Euripide) ont pu être conservés.

La tragédie attique se caractérise par une structure forte, composée de passages dialogués et de passages chantés. Eschyle et Sophocle font définitivement de la tragédie une action dialoguée en ajoutant respectivement un deuxième puis un troisième acteur. Un prologue précède l'entrée du chœur (la parodos). L'action se développe ensuite en trois épisodes entre lesquels le chœur chante les stasima et se termine par l'exodos (exode). Le texte est réparti entre le chœur, placé dans l'orkhêstra, qui commente l'action et se plaint, et les acteurs qui agissent sur scène.

Définition de la tragédie



La définition énoncée par Aristote dans sa Poétique – postérieure d'un siècle à l'âge d'or de la tragédie grecque – a laissé son empreinte chez la plupart des auteurs tragiques : « La tragédie est l'imitation (mimêsis) d'une action de caractère élevé et complète, d'une certaine étendue, dans un langage relevé d'assaisonnements d'une espèce particulière suivant les diverses parties, imitation qui est faite par des personnages en action et non au moyen d'un récit, et qui, suscitant pitié et crainte, opère la purgation (catharsis) propre à pareilles émotions. »


Aristote, réfléchissant sur la fiction, c'est-à-dire sur la meilleure manière de raconter des histoires de bonheur et de malheur qui ressemblent à celles que vivent les hommes, cherche à dégager des pièces deSophocle et d'Euripide les principes rationnels d'une œuvre réussie. Dès lors, il fait de la tragédie le plus codifié de tous les genres littéraires. Ainsi, à partir de la Renaissance, ces principes deviennent normatifs : les œuvres de l'Antiquité étant devenues les critères absolus du beau, la Poétique d'Aristote (complétée par quelques remarques d'Horace concernant le théâtre, dans son Art poétique) est considérée comme un énoncé des règles dont il est interdit de s'éloigner.


L'action consiste le plus souvent en un conflit qui oppose l'homme à des principes moraux ou religieux supérieurs. Ce conflit est l'occasion d'un dialogue entre l'homme et ce qui le dépasse, comme avec lui-même. Parfois, le tragique se confond avec des dénouements sanglants et des sacrifices mortels. Mais la tragédie dit aussi l'espoir de l'homme debout, qui lance un défi à un monde difficile à déchiffrer ou à une injustice divine, de l'homme qui se confronte aux lois de la cité et présume parfois de ses forces. La conception du genre reste à peu près immuable pendant plus de vingt siècles. Et si, au xviie s., les apports des dramaturges français ont modifié radicalement l'esthétique de la tragédie, cela n'a pas empêché les auteurs de se référer sans cesse aux mêmes éléments techniques qui constituent le genre, ni de considérer que la formule admettait des variations qui, précisément, ne la remettaient pas en cause.

tragédie (latin trageodia, du grec tragôdia)



Pièce de théâtre dont le sujet est le plus souvent emprunté à un mythe ou à l'histoire, mettant en scène des personnages illustres et représentant une action destinée à provoquer la pitié ou la terreur, par le spectacle des passions humaines et des catastrophes qui en sont la fatale conséquence.


Œuvre dramatique en vers qui représente des personnages héroïques dans des situations de conflit exceptionnelles, propres à exciter la terreur ou la pitié, la tragédie est un genre théâtral bien défini, qui n'a trouvé à s'épanouir qu'à quelques périodes de l'histoire occidentale, en accord avec certaines dispositions de la sensibilité collective ; ainsi, on dénombre trois époques de véritable plénitude du genre : Grèce du ve s. avant J.-C., Angleterre élisabéthaine, France classique.


De l'Antiquité grecque jusque vers le milieu du xviiie s. européen, la tragédie a été considérée comme le plus prestigieux des genres littéraires. Plus prestigieux que les autres genres poétiques en tant qu'un art de fiction qui « imite » les actions des hommes ; plus prestigieux que la comédie, qui se borne à jouer avec les ridicules des hommes ordinaires dans un langage ordinaire. Aussi prestigieux que l'épopée, enfin – sur laquelle, dans la pratique, elle a même fini par prendre le pas, les réussites de celle-ci étant très rares –, qui raconte elle aussi, en vers et dans un langage noble, des faits advenus à des hommes de haut rang. L'épopée, comme la tragédie, a pour objet le bonheur et le malheur des hommes, mais elle se contente de chanter les exploits de héros qui se relèvent toujours triomphalement de difficiles situations, tandis que la tragédie, en contant le destin funeste de ces mêmes héros, tire une force supérieure du plaisir paradoxal qui la constitue : elle procure un plaisir esthétique en provoquant par le récit de désastres humains des émotions extrêmes (« la frayeur et la pitié »), d'autant plus violentes que ces funestes événements sont ramassés en un laps de temps réduit et mis sous les yeux des spectateurs par la représentation.

martes, 9 de febrero de 2016

Petite histoire de la comédie




Née, durant l'Antiquité grecque, des processions burlesques (kômos) qui se déroulaient lors de fêtes deDionysos – où des gens au visage barbouillé se lançaient, et adressaient en direction des badauds, des plaisanteries lestes, des apostrophes violentes, et improvisaient des batailles verbales sous la protection de leurs dieux populaires – la comédie se développe, à Athènes, au cours du ve siècle avant J.-C. D'abord violente et grossière, axée sur la satire des affaires publiques, la comédie attique évolue en trois étapes : lacomédie ancienne, avec Cratinos et les neuf premières pièces d'Aristophane, est une satire de la vie politique, morale et philosophique d'Athènes ; la comédie moyenne, représentée par deux œuvres de la dernière partie de la carrière d'Aristophane, l'Assemblée des femmes et Ploutos ; et enfin la comédie nouvelle (la néa) qui, avecMénandre, évolue vers la comédie de mœurs et de caractères, avec une intrigue, le plus fréquemment autour d'un mariage compromis, et réserve une place importante à l'expression des sentiments.






Cet héritage constitue le fonds du théâtre comique latin (la comoedia palliata, jouée par des acteurs portant le vêtement grec, le pallium), avec Plaute et Térence. La comédie consacrée à la peinture de mœurs romaines (comoedia togata, jouée en toge) n'atteignit jamais le succès de la farce, l'atellane, réduite à un canevas et interprétée par des acteurs masqués (qui connurent la faveur populaire et furent à la source de la commedia dell'arte), supplantée à son tour, dès l'époque de Cicéron, par le mime.






Après l'effondrement de la culture antique, le Moyen Âge, qui ignore le mot « comédie », réinvente de nombreuses formes de théâtre comique. La tradition des jongleurs et le goût du divertissement parodique chez les clercs s'expriment au Moyen Âge dans une grande diversité de pièces de caractère satirique etdidactique : les diableries, qui sont incluses dans les mystères religieux ; les farces, qui sont des pièces courtes mettant en scène des types populaires de la vie quotidienne (le paysan, la femme, le curé, le noble, etc.) et une situation simple sur fond de morale traditionnelle ; enfin, les sotties, qui sont axées sur le « sot » (une sorte de clown avant la lettre) et qui usent de toutes les libertés de la satire. Au début du xvie s. apparaissent les premiers modèles de la comédie « régulière », suivis par l'ArétinMachiavel (la Mandragore)et Trissino. Très vite, la comédie italienne s'en détache, avec Giordano Bruno (le Chandelier) et Ruzzante, qui compose en dialecte padouan des scènes populaires et trouve son style dans l'improvisation de lacommedia dell'arte.



La Comédie

Théâtre La comédie

La comédie est un des deux genres principaux de composition dramatique, celui où l'on représente une action prise dans la vie commune et sous un aspect propre à exciter le rire. Le mot comédie vient du grec cômè ( = village) et odè ( = chant), parce que les premiers acteurs allaient de village en village; ou de comos ( = procession), parce qu'ils commencèrent leurs plaisanteries en Grèce. La comédie s'amuse à nous montrer chez l'humain la nature morale asservie aux instincts physiques : le sot, le poltron, l'égoïste, le gourmand, le sensuel, l'individu esclave de ses habitudes et de ses besoins, jouet de son humeur et du hasard, voilà son héros de prédilection. Elle se tient à la peinture du présent, s'attache à saisir la vie par son côté mesquin, et à en faire éclater les mécomptes et les petitesses en saillies de gaieté. De sa nature, elle ne prêche pas, elle ne prétend à corriger personne; elle ne songe qu'à nous amuser du spectacle de nos travers et de nos sottises : si elle vise parfois à nous donner quelque leçon, ce n'est qu'une leçon de prudence humaine; elle nous enseigne l'art de la vie, et sa morale, si morale il y a, n'est autre que celle du monde, où le succès appartient plutôt aux habiles qu'aux vertueux. 


Les genres de comédie.
On appelle comédie de caractère celle qui a pour but de peindre ou de développer un caractère principal, auquel tous les autres doivent être subordonnés; tels sont le Misanthrope

 de Molière. L'auteur fait choix d'une action qui place son personnage dans des circonstances opposées à son caractère : le misanthrope, par exemple, est amoureux d'une coquette, et Harpagon d'une fille pauvre. Ce genre de comédie, le plus difficile de tous, exige une étude approfondie de l'humain, un discernement juste, et une puissance d'imagination qui réunisse sur un seul personnage ou un seul objet les traits qu'on a pu recueillir épars et en détail dans plusieurs autres. 

La comédie de moeurs a pour objet de mettre sous les yeux du spectateur un tableau des usages ou du genre de vie que les gens d'un certain état ou d'une certaine condition ont généralement adoptés, les ridicules que la mode enfante et détruit, et qui varient selon les temps. 
La comédie d'intrigue présente un enchaînement d'aventures plaisantes, de situations embarrassantes et bizarres, qui tiennent le spectateur en suspens jusqu'au dénouement. 
De la combinaison des trois genres de comédie résulte ce que Lemercier nomme la comédie mixte, laquelle admet à la fois tous les moyens, tous les ressorts qui peuvent contribuer au développement d'une action comique.
Le mot comédie a primitivement désigné, en France

, toute espèce d'oeuvre dramatique, grave ou enjouée, triste ou comique. On a dit longtemps les comédies de Corneille, de Racine, etc., et comédie a été un terme générique, synonyme aussi de spectacle, de représentation, de théâtre : un comédien, c'est ainsi un acteur qui joue sur une scène, jouerait-il une tragédie; et voilà pourquoi le Théâtre-Français, à Paris, porte le nom de Comédie-Française. Au XVIIe siècle, on appela comédies héroïques celles dont les personnages étaient pris dans les classes au pouvoir, rois, princes, etc. tels étaient le Don Sanche d'Aragon, de Corneille, et le Don Garcie de Navarre, de Molière.

http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/la_com%C3%A9die_en_litt%C3%A9rature/35404

domingo, 7 de febrero de 2016

Les Différents Types de Pièces

La Comedie.

La Tragedie.

Le Drame Romantique.

Les Origenes du Théâtre

Le nom théâtre tire son origine du grec theatrón, qui veut dire « lieu où l’on regarde ». Le théâtre est une branche de l’art scénique, un genre de spectacle qui a à voir avec l’interprétation/la représentation/la mise en scène, par lequel sont exécutés des représentations dramatiques en la présence d’un public. Cet art regroupe le discours, les gestes, les sons, la musique et la scénographie.
En outre, le théâtre désigne aussi le genre littéraire comprenant les ouvrages dramatiques qui ont lieu sur la scène (ou sur le plateau) et le bâtiment dans lequel se déroulent les pièces de théâtre.
Les origines historiques du théâtre apparaissent avec l’évolution des rituels qui ont à voir avec la chasse et l’agriculture, survenant en cérémonies dramatiques au moyen desquelles les personnes rendaient hommage aux dieux et se manifestaient les principes spirituels de la communauté.

Définitions de théâtre






Édifice destiné à la représentation de pièces, de spectacles dramatiques ; le spectacle lui-même. 

Entreprise de spectacles dramatiques (souvent avec majuscule) : Le Théâtre-Français. 

L'art dramatique, considéré comme un genre artistique et littéraire :Faire du théâtre. 

Ensemble des œuvres dramatiques d'un auteur ou d'une époque : Le théâtre de Molière. 

En Afrique, représentation théâtrale : Voir un théâtre.
Attitude artificielle, outrée. 

Lieu où se produisent certains événements importants : Cette région a été le théâtre de nombreux combats.